Quero
fazer da Fábrica um Museu ao vivo
Mizette
Nielsen, d'origine hollandaise, commença à se
consacrer au textile en 1975 alors qu'elle participait à
différents travaux pour Paulo Guilherme, et
arriva à Reguengos en 1976, année où
elle travailla à Covilhã
pour un programme du Ministère de la Culture ayant
comme thème la réintégration de tisserands
du troisième âge. De là naquit sa passion
pour le tissage. A son arrivée à Reguengos,
elle trouva la Fábrica Alentejana de Lanifícios
dont les métiers à tisser étaient dans
un état de dégradation avancé et l'activité
en décadence. Ayant acquis la fabrique, Mizette entreprit
de diffuser et divulguer l'existence de la manta alentejana
et affirma une volonté d'introduire d'autres matières
textiles dans cette région de laine. Elle participa
à plusieurs expositions au Portugal et à l'étranger
et on trouve de ses produits à New York, Rio de Janeiro
ou à Madrid. Elle continue aujourd'hui à écrire
des pages vivantes de l'histoire de la manta alentejana
à Reguengos, diffusant cette tradition culturelle
à travers tout le pays et à l'étranger.
Un
peu d'histoire
La
Fábrica Alentejana de Lanifícios fut
fondée il y a bien longtemps déjà au
milieu du 19e siècle mais elle porte le nom actuel
depuis 1957. Elle a obtenu plusieurs prix dans des expositions
nationales ou internationales, comme une médaille d'or
à l'exposition universelle de Bruxelles en 1958. Outre
la laine traditionnelle, de nouvelles matières textiles
furent introduites par Mizette comme le coton et la lirette,
ainsi que furent également créés de nouveaux
modèles et motifs au design asymétrique.
Outre
la fabrique, Mizette tient une
boutique à Monsaraz où, à côté
des mantas traditionnelles, elle propose d'autres produits
comme des cache cols, couvertures de voyage, tapis, châles,
(cliquer sur la photo ci-contre pour visiter) mais souligne
encore une fois certaines difficultés :
- Avant
l'entrée du Portugal dans la CEE, il y avait dans
l'atelier environ 50 ouvriers et ouvrières et j'exportais
plus de 90% de la production. A l'instant de cette entrée
dans la CEE, les commandes chutèrent du jour au lendemain,
ce fut un choc qui impliqua des licenciements de personnel,
moments qui furent bien douloureux. La situation se compliqua
avec l'émergence de la Chine et de l'Inde sur ce
marché. Je repartis presque de zéro parce
que j'y crois. Ceci est la dernière fabrique avec
autant d'authenticité, c'est un héritage culturel
si grand que ça me coûterait beaucoup de fermer
la porte.
L'affluence
de visiteurs dans les ateliers continue de croître.
L'an dernier, en 2002, plus de 200 cars de touristes de tous
pays et de visites scolaires sont passés.
- Peu
d'habitants de Reguengos donnent encore une valeur
aux mantas et nombreux sont ceux qui pensent que
la fabrique est fermée. Je pense que ni le secteur
du tourisme à Reguengos ni personne en général
n'ont une idée du nombre de personnes qui visitent
la fabrique et d'où ils peuvent bien venir. Je viens
de finir un documentaire pour la télévision
japonaise sur la fabrique et qui sera diffusé le
dimanche durant 6 semaines consécutives. Bien entendu,
ici, il n'y a pas de place pour un soutien quelconque, les
priorités sont ailleurs, voilà pourquoi je
dois financer moi-même tout ce qui est offert aux
visiteurs et parce que je pense que les visites des écoles
sont très importantes.
Il
est curieux de constater que ce vecteur de l'identité
de Reguengos est ignoré, par exemple, par les
écoles locales qui passent à côté
de ce témoin vivant de la tradition : les écoles
d'ici n'emmènent pas leurs élèves visiter
ces lieux. Une fois de plus la croyance populaire se vérifie
: Santos da terra não fazem milagres (On n'est
pas prophète en son village).
Pour
tout ce qu'elle représente et par le fait d'être
unique dans la région, Mizette considère que
"du point de vue touristique et culturel, il serait très
important que la fabrique puisse rester ouverte au public
et c'est pour cette raison que je continue la lutte. Mon objectif
est d'en faire un musée vivant. J'ai déjà
proposé que soit fait un genre de rota do têxtil
(route du textile). Dans la Beira,
de tels circuits
se sont déjà bien développés mais
c'est pour moi difficile de m'associer avec eux, car je suis
seule ici". Pour terminer, elle retient "qu'il est
très important d'appeler ici une autre forme de tourisme.
Le tourisme est ici dégradant. Não é
do turismo de pé descalço que anda para ai que
nós precisamos (Ce n'est pas un tourisme de va
nus pieds comme on le rencontre par ici dont nous avons besoin)".
|