Ce
pasteur qui garde ses chèvres, je l'ai rencontré pour la première
fois en 1994 alors que je m'aventurai dans le maillage des pistes
qui conduisent vers Vaqueiros au nord-est de Tavira,
dans les collines.
Depuis, c'est devenu presque un rite. Dès que j'ai dépassé
le village de Cintados, où on aperçoit de beaux potagers
très soignés comme dans chaque fond de vallée où l'eau ne fera presque
pas défaut, je m'arrête près d'un groupe de grands chênes un peu
avant Valinhos, sur le chemin qui me conduira à Cabaços.
Je sais qu'il est là, pas loin, il me faut repérer les sonnailles
de son troupeau de chèvres. Si elles sont retentissantes, c'est
qu'il surgira d'ici peu sur la piste, sortant du maquis, pour finir
par s'insinuer entre les chênes où je me trouve.
On a fini, avec les années, par apprendre à communiquer,
derrière le large sourire qui a façonné son visage.
Parfois, un voisin passant par là se joint à la conversation.
Ce jour-là, il avait de belles chevrettes à nous montrer,
blanches maculées de brun roux comme dans toute l'Algarve.
Son troupeau arpente une région de collines schisteuses, couvertes
d'un maquis peu dense où le ciste à gomme est roi.
Je souhaite qu'il soit encore longtemps au rendez-vous.
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