Menu des Carnets >
La Photo

La Photo d'un Instant

d'un Instant
Loading


· Le Grand Carnet
· Le Petit Carnet


Voyage, voyage,
d'un instant à l'autre

D'une chronique à une autre
Ciganos
Chronique revisistée
· Parutions récentes
· Archives



· Courrier récent
· Archives Courrier
· Suivre mes traces
· Page en cours
· Autres pages




Carte Sud du Portugal

Sud du Portugal
· Portugal
· Sud du Portugal
· Algarve
· Andalousie ouest
· Sagres
· Carrapateira
· Costa Vicentina
· De Faro à Tavira
Accès direct aux
dernières parutions :

 
 
 
Les Pages des Lecteurs :
Vous suivez mes traces, vous tracez les vôtres :
une rubrique qui vous donne la parole, dans l'esprit du site
 
© Felixia
Vue vers le nord à partir du Cabo de São Vicente.
 

Océan

Felixia

du Québec, juillet 2004

This page in English

 

C'était le deuxième jour. Je le passerais à m'acclimater à ce nouveau pays. J’irais au bout du Continent pour y regarder l'océan, là où les hommes de la mer étaient partis, il y a bien des siècles, ignorant si la terre est plate ou ronde. Du Cabo de São Vicente, en regardant vers l'horizon, il est bien difficile d’en être sûr.

Mais avant de prendre le large à partir du Cap, je voulais rendre hommage à un vieil ami.

J'ai vécu toute ma vie tête dans les nuages, cela fait de moi une étourdie. C’est pourquoi je perds tout. Dès ma tendre enfance, j’ai compris qu’un allié était indispensable. Saint-Antoine, le spécialiste de la récupération, était tout indiqué. Au cours de ma vie, j’ai donc beaucoup perdu mais encore, j’ai beaucoup trouvé. En faisant les recherches pour mon voyage, j’ai découvert que le bon saint n’est pas Italien, comme pourrait le laisser croire le suffixe «de Padoue», mais qu’il est tout ce qu’il y a de plus Portugais, puisqu'il est né à Lisbonne. Il est tellement Portugais qu’il est le saint patron du Portugal. J’ai également découvert que l’Igreja de Santo António, à Lagos, est classée monument national.

© Felixia
Statue de Dom Afonso Henrique à Lagos.

J'arrive à Lagos tard dans la matinée et je gare la voiture à côté de la place où Dom Afonso Henrique (Henri le Navigateur) trône sur son piédestal, entouré d’un pavé de mosaïques ondulantes, accueillant les visiteurs (souvent en provenance du Nouveau Monde). En marchant, si vous regardez le sol, cerveau comprenant que ce sont des vagues, il est possible que vous gîtiez imperceptiblement. La sensation n’est pas déplaisante, c’est un peu comme marcher dans les déferlantes. Derrière le Prince Henri, une église, mais ce n’est pas l’Église de Saint-Antoine. Pour l’atteindre, il faut pénétrer dans la ville, parcourir les ruelles étroites où logent échoppes et restaurants. Je tourne le coin et elle est là.

Pour ceux d’entre vous qui aimez l’architecture, le Portugal fascine. Son architecture passe des menhirs sortant des fins fonds de l’humanité, aux temples romains parfaitement conservés, entourés d’un gothique flamboyant particulier, tout en symbolisme obscur taillé dans la pierre, puis aux édifices baroques, et ainsi de suite. Tout est juxtaposé, souvent en harmonie parfaite, cimentée par une tessiture mauresque d’azulejos et de formes.

Igreja de Santo António
Azulejarias

Un ami m’informe qu’au cours des dernières 25 années, de grands efforts de restauration ont été faits et que les résultats sont de plus en plus évidents. À mon avis, c’est parfait puisque le Portugal devrait être un pais museu (comme plusieurs de ses régions le sont déjà). Et je suis persuadée que l’ingéniosité portugaise fera en sorte que les avantages de la vie des années 2000 seront intégrés dans le paysage portugais – géographique, culturel et historique – sans pour autant renoncer à leur (et notre) héritage. Une tâche délicate et difficile pour un peuple qui a eu la vision, l’ingéniosité et le courage de partir à la découverte d’une si grande part du Nouveau Monde.


Ange

Après avoir suivi un dédale de pièces qui témoignent du passage du temps sur la côte de l’Algarve et sur ses habitants, j’entre dans l’église. Partout, des groupes d’élèves en sortie culturelle et des visites guidées. Je fais abstraction de la foule et je me concentre sur l’architecture.

Un fou rire monte en moi. Il y a des anges partout ! Des milliers d’anges – au plafond, aux murs, aux colonnes – tout est recouvert de ces hôtes célestes. Une émeute d’anges ! Jamais je n’en ai autant vu au même endroit !

Je découvre ensuite la talha dorada (dorures), rayon de soleil dans le crépuscule de l’église. Tout autour, de beaux tableaux décrivant les miracles de Saint-Antoine. Il semblerait qu’il ait d’autres spécialités que les Objets perdus. Puis je découvre les azulejos, Harmonie parfaite du bleu et du blanc, et les azulejarias, Poésie sur tuiles.

Igreja de Santo António

Après m’être baignée un moment dans le bleu, le blanc, le doré et m’être choisi un ange qui m’accompagnera tout au long de ma découverte du Portugal, je quitte l’église. J’ai la forte impression que le Portugal se découvre comme on visite un musée ou une église, en tout respect.

Je poursuis ma route jusqu’à Praia da Dona Ana et je m’arrête à une terrasse : tables sous les parasols, escalier en pierres jusqu’à la petite plage en bas. À droite et à gauche, de gros rochers roses flottant sur une mer de turquoise. L’endroit est joli. Avant de déjeuner, je descends les marches jusqu’à la plage. C’est un rituel lorsque je suis sur un bord de mer : il me faut ressentir l’eau tourbillonner sur mes pieds. La mer est assez calme malgré un léger vent. De gros nuages gris arrivent de l’Afrique. Le temps est à la pluie.

© Felixia
Praia de Dona Ana.

Debout, pieds dans l’océan, orteils se glissant avec bonheur dans le sable, j’inspire de grandes goulées d’air marin. Satisfaite, je laisse l’eau tourbillonner gentiment autour de mes chevilles lorsque, subitement, venant de nulle part, à quelques pieds de mes pieds, une vague énorme déferle sur moi, m’innondant jusqu’à la taille.

Vêtements collés à mes jambes, sac plein de sable, je remonte, penaude, jusqu’à la terrasse, un chat mouillé.

J’étais prise. J’avais passé la commande pour le déjeuner avant d’aller à la plage, mon repas m’attendait. Le vent s’était maintenant levé et la pluie tombait. À la guerre comme à la guerre, le mal était fait, je me suis donc assise pour déjeuner, sous la pluie sur la terrasse, en ressassant l’expérience et regardant les vagues déferler sur la plage.

Une observation minutieuse m’a permis de conclure que l’océan au Portugal (ou est-ce l’ange ?) a un trait de caractère surprenant, un sens de l’humour excentrique et pernicieux, qui le mène à jouer des mauvais tours aux touristes non avertis. J’ai pris bonne note qu’il fallait se méfier de l’océan au Portugal.

Sesimbra, vue du castelo

Une année passe et me voici, une fois de plus, au Portugal pour y hanter ses bords de mer. Cette fois-ci, je suis à Sesimbra, au sud de Lisbonne. Mon hôtel se trouve à quelques pas de la plage. Doux murmure des vagues, je traverse la rue pour gagner la plage dorée. Dans l’eau, tout près et juste devant, un rocher, c’est l’endroit idéal pour s’asseoir, pieds dans l’eau.

C’est peut-être avril au Portugal, mais avril au Portugal est comme juin au Québec. J’ai tout prévu, maillot sous mes vêtements. Je les laisse, ainsi que mon cellulaire, sur la plage, loin de l’eau, puis je m’avance, eau aux genoux, jusqu’au rocher. Assise sur la cîme, pieds dans l’eau, je me détends, yeux aux aguets, me méfiant des vagues aberrantes. En moins de cinq minutes, je suis projetée violemment dans l’eau, culbutée pêle-mêle dans les déferlantes, avec fracas. À grand-peine, je m’extirpe enfin de l’océan, complêtement trempée (et trompée), pour me rendre jusqu’à mes vêtements qui n’ont pas été épargnés.

Je terminerai en disant ceci : il ne faut, en aucun cas, faire confiance à l’océan au Portugal. Ne vous laissez pas prendre par ses airs de grand calme, de vagues ondulantes car, sans crier gare, il vous prendra au dépourvu.

J’ajouterai un petit conseil : n’essayez pas d’échanger un cellulaire, armée de candeur, à moins de l’avoir auparavant vidé de tout résidu de sable.

© Felixia
Vers le Nouveau Monde, à partir du Cabo Espichel.

Voir aussi une autre page de Felixia : Fleurs

Page © Alquimista.net, 15 juillet 2004.
Texte, traduction et photos © Felixia.
Matière fournie par les Lecteurs : lire les conditions d'utilisation du site.
 

Un Instant
à Bahia




Carnet de Route
à Bahia, Brasil

 

Incendies
et canicule
au Portugal




Eté 2005
Eté 2004
Eté 2003
Tout feu,
tout flamme

Carte des risques
Risques actuels

 

Recherche thématique
dans le site




Recherchez les pages du site selon les thèmes qui vous intéressent.

 

En Alentejo



Tout devient quiétude
Haut-lieu
L'âge d'or
Bleu et blanc
Saudade réinventée
Tout reste quiétude

 

Chronique
Jardin & Cuisine




Tout au long d'une l'année, la vie d'un jardin annoncé et son prolongement en cuisine à Porto Covo, par Jean-Paul Brigand et Ann Kenny.

 

Vous préparez
un séjour ?




Voir ma sélection :
Guides de voyage
Sites Web
Ce qu'il faut visiter en priorité

 

Découvrez la belle
et sauvage
Costa Vicentina
De Sagres
à Odeceixe




Cap Saint-Vincent
Carrapateira
Vers le Nord
Pêche surprise

 

Vie rurale



• Mon pasteur préféré
• Ecrin secret
• Tecelagem, Tissage
• Bulle de bonheur
• Mel, miel
• Chemin des vaches
• Vers l'arrière-pays

 

Quelques souvenirs
de bouche




Restaurante Capelo
O Tamboril
Mouchão
Bernard(o)
Dois Irmãos
Pasteis de nata

 

A Serra



Mû, Caldeirão
Haut-Lieu
Nossa Senhora
Medronho
Orage finissant
Berger
Inútil paisagem
Lieu irréductible

 
 

 

 

Conception & Réalisation
© Alquimista.net
1998 - 2006
Tous droits réservés
Mentions légales