C'est ce qui est écrit sur un petit dépliant que j'ai
ramassé à l'agence de location de voitures. C'est vrai que
Faro est souvent l'oubliée de l'Algarve dont elle est
pourtant la capitale et la ville la plus grande. La ville
qui sent l'ennui, j'ai lu ça jadis dans un guide de tourisme.
C'est peut-être l'impression qu'elle donne lorsque, venant
de l'aéroport, les touristes la frôlent en s'éparpillant sur
le littoral. Mais marchez dans Faro autant qu'il vous plaira,
cette ville deviendra attachante au fil des visites.
Rompu, en fin d'après-midi, vous vous poserez sur la terrasse
de chez Gardy, cette pastelaria idéalement située
rua Santo António, où ne passent que les piétons. Vous
y resterez une heure, en humant de temps à autre la fumée
des châtaignes qui grillent et en reprenant des forces à l'aide
d'une de ces riches et très sucrées douceurs locales.
Un jour, vous y viendrez seul, laisser couler le temps
sans vergogne, en notant finalement qu'il y a des moments
plus tristes dans la vie. Plus tard, bien plus tard, dans
les lumières de la nuit, Faro vous prendra le bras
et vous emmènera marcher dans sa vieille ville (Cidade
velha), hors du temps et du tumulte. Vous aimerez Faro,
ça fait longtemps que c'est mon cas.
En repassant par Faro un dimanche soir de janvier
en quête d'un lieu pour se rassasier après une longue marche
professionnelle au milieu des fleurs, mes pas m'ont conduit
naturellement vers le restaurante
Dois Irmãos, une vieille maison fondée en 1927 par
2 frères, d'où le nom Dois Irmãos. On y vient par la
Praça Ferreira de Almeida (c'est une place). Après
avoir jeté un coup d'oeil au comptoir depuis la rue (les brochettes
de crevettes sont amusantes à voir), on passe la porte pour
entrer dans une vaste salle qui, à première vue, semble avoir
été colorée pour le touriste. Mais on y trouve surtout des
gens du cru.
On peut s'y restaurer simplement et aussi s'aventurer
dans la gamme des cataplanas,
un ustensile servant à préparer une sorte de ragoût rapide
à base de poissons, crustacés, coquillages et viandes, mariés
ou non entre eux. Cela ressemble à un wok en cuivre recouvert
d'un couvercle identique au fond, qui étouffe et garde la
chaleur et les parfums, une fois posée sur la table.
Celle qui nous tenta ce soir-là et qui fut une merveille
dans son genre : la cataplana
de mariscos (fruits de mer), symphonie colorée de langouste
(lagosta), de pattes de crabes (caranguejo) et de
homard (lavagante), de crevettes (camarões), de moules
(mexilhões) et coquillages variés (coques, palourdes,...).
Du plaisir à l'état pur que j'ai pu partager avec
un connaisseur, grand chevalier sur cette Terre de l'Ordre
de la Bonne Bouffe. Au moment de la commander, on se sentait
tout remués comme des enfants dans l'attente d'un nouveau
jouet.
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