Je
vous propose un modeste itinéraire qui, s'écartant des
grands sentiers battus et des grands chemins de transhumance
à touristes de masse, part du Nord de Beja pour
se terminer à Belver, petit village perché sur
la rive Nord du Tage entre Portalegre et Abrantes.
L'Algarve
aussi évoque puissamment le voyage et le lointain (al
gharb en arabe signifierait l'Ouest) et il est agréable
d'y trouver encore des oasis d'authentique beauté. C'est
d'ailleurs presque un miracle s'il en reste encore...
Ainsi, il en va presque de même pour cet immense
et défavorisé Alentejo (l'avant dernière région de la
CEE dans leur classement économique...) qui n'est plus
aussi isolé qu'avant, et donc par conséquent la proie
des chimères du temps. C'était sans doute fatal, cependant
n'oublions pas que cette province est venue à bout de
bien d'autres calamités.
Ses
ressources sont multiples et inaliénables, citons par
exemple le climat (continental et redoutable!) la surface
et l'inertie implacable qui semble ne rien devoir épargner
(ni personne).
Là-bas,
le Temps est comme une divinité redoutable, nul ne semble
pouvoir s'en moquer... On aime ou bien on déteste.
NDLR
: voir 2 pages du Petit Carnet en relation avec ce sujet
: Tout devient
quiétude, Tout
reste quiétude.
De
même pour cette première halte: Cuba.
Apparemment, tout y est plat, morose, mort. Ce serait
oublier qu'il y a de la poésie et de la tendresse dans
ses petites rues qui vous enveloppent presque, lorsque
surgit soudain une de ces rares (et inattendues!) énormes
baraques de style colonial du 19e siècle (un vague air
de celle de la famille Adams).
En
prenant au Nord par la route nationale 258, puis 257 et
finalement 254, on passera par Alvito
(le château des infortunés barons qui l'auraient perdu
au jeu, désormais une belle Pousada).
Puis
par le modeste bourg d'Agua de Peixes (sic!) où
on pourra entrevoir l'extérieur du beau manoir (solar)
manuélin des Ducs de Cadaval: la fontaine-abreuvoir
de la cour d'entrée, la place carrée qui lui fait face
(on y devine un pilori dans le passé). Mais l'échec de
la campagne de Réforme Agraire n'a presque rien laissé
de ses beaux jardins. Vous avez pensé "gâchis" ?...
Puis
il y a Viana
do Alentejo bien sûr, si souvent négligée des
visiteurs. Ne pas manquer son beau sanctuaire
baroque et son impressionnante collection d'ex-voto,
sa petite
statue de la vierge (Nossa Senhora de Aires)
très haut perchée sur son majestueux autel doré. On vient
de très loin pour la vénérer ; son nom signifierait Notre
Dame des Airs... Quant aux gens de Viana ils sont à la
hauteur de la réputation de ceux de Beja : adorables
Au
tour des environs d'Évora,
à laquelle il faudrait consacrer tout un (long) chapitre,
et des belles demeures (Turismo de Habitação ou Rural)
où l'on peut désormais loger, manger ou se rafraîchir.
Il y a de tout, du pire au meilleur, de l'authentique
au pur toc (comme la Quinta da Nora située à la
sortie de la ville sur la N18 Estremoz).
Moi,
j'aime bien le vieux Estalagem Monte das flores
(famille des Carmo de Noronha - oui comme la grande
fadista Maria Teresa de Noronha entre autres) et ses vieilles
salles de bains en marbre rosâtre des années 60. On n'en
voit plus tant que ça. Restaurant réputé (ses desserts
conventuels : encharcada do Convento de Sta Clara,
sericà...)
Il
y a aussi le Convento
de São Paulo, sur le versant Sud-Ouest de la forêt
d'Ossa, du côté de Redondo... Très onéreux
(car à présent devenu un hôtel 4 étoiles + restaurant)
mais que de charme étrange dans cette surprenante résidence
d'été dont la propriétaire vient parfois s'asseoir dans
le cloître pour assister au coucher du Soleil. Elle se
fait un plaisir de vous expliquer dans un français impeccable
et distingué, comment sa famille l'a transformé, pour
qui, quand...
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à la seconde partie...
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