Ce
jeudi 25 novembre lors d'un matin bien frisquet à Faro.
Quelques achats à faire en ville. Le Largo de São
Francisco, autrefois
terrain bien vague, est devenu décidément
un parking bien pratique au pied de la vieille ville où
les personnes affairées s'engouffrent un peu avant
l'ouverture des commerces. Personne ne regarde plus le grand
jet infatigable giflé par un fort vent d'est et qui
aujourd'hui me glace le dos. Personne ne regarde non plus
vers le sud, vers le port, vers l'envers du décor.
Le grand jet, Largo de São Francisco
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Les
convois de camions déboulant sur la petite route qui
traverse une partie de la lagune
soulèvent un brouillard de poussière. Les palmiers
qui la bordent en sont devenus gris et tristes. Ces lieux
industrieux sont bien l'oeuvre des hommes, chargeant et déchargeant
des navires, entreposant et distribuant tout ce qui alimentera
la consommation effrénée de ce petit bout d'Europe.
Des
vestiges d'oiseaux font leur travail d'oiseau, se posent là
depuis que l'oiseau existe. Ils n'ont pas besoin de cartes,
de charters ou de voyages organisés pour venir. Les
panneaux d'interdiction ou de danger n'ont aucun effet sur
eux. Les sens ne leur sont pas interdits. Plus tard, quand
Faro aura disparu, ils reviendront en nombre, pressant
le pas dans un monde redevenu grand.
On fouille la vase à marée basse, à la recherche de coquillages
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Vers l'ouest,
entre le terminal portuaire et l'aéroport, la lagune occupe
encore bon nombre de dénicheurs de coquillages. Un grand
oiseau rouge et blanc les survole en boucle en apprenant à
chercher sa route dans le ciel à l'aide de ses multiples
instruments et ordinateurs de bord.
Embrassons
l'Avenir, le zéphir emportera un jour cette fumée
noire loin des plis sombres de l'âme des hommes. Mais
ne partons jamais sur ce bord de notre monde pour oublier.
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