Des champs s'étirent dans la moindre échancrure
|
Lundi
20 mars, il fait brumeux, le ciel est un peu couvert mais la
douceur de l'air matinal nous permet un petit-déjeuner sur la
terrasse de notre refuge.
Ah,
le goût de l'orange et du pain
... Première incursion dans l'arrière pays au départ de Fonte
Salgada jusque Cintados, puis Cabaços, Bentos,
Vaqueiros, ...
Paysages
inattendus où des champs s'étirent dans la moindre échancrure
jusqu'à ce que la caillasse ou l'escarpement les empêchent d'aller
plus loin. Vestige
de temps anciens* au bord de la route. Parfois une silhouette
se déplace sur un chemin exsangue, des outils sur l'épaule.
Des prairies sauvages se hérissent d'arbrisseaux torturés
|
Au
creux de vallons encore verdoyants, des prairies sauvages
se hérissent d'arbrisseaux torturés. On se perd un peu
dans un dédale de petites routes et de pistes, passant
du parfum de la fleur
d'oranger, douceâtre jusqu'à l'écœurement, à ceux,
sauvages, du ciste
ladanifer et de la lavande
camphrée (NDLR : Lavandula stoechas).
Arrêt
dans un village (NDLR : Vaqueiros). Nous nous rafraîchissons
d'un Vinho Verde servi à l'ombre d'une vigne. Des
chaises de fer dépareillées, une table bancale, un sombre
cavalier chevauche une cheminée, un chien jaune
musarde, une vieille dame tout de noir vêtue descend la
route. Il fait bon. Tout semble si simple vu d'ici.
Un sombre cavalier chevauche une cheminée
|
|
Une vieille dame tout de noir vêtue
|
Méandres
sous le soleil, on ne sait pas trop où on est. on cherche Cachopo,
on trouve Alcoutim. C'est à l'opposé? pas grave, vive
l'aventure et l'inattendu. Bifurcation sur Alcoutim,
village - amphithéâtre au-dessus du Guadiana, frontière
naturelle avec l'Espagne. Depuis l'ouverture du pont
autoroutier plus au sud, le transport fluvial s'est
presque éteint et seuls à troubler les eaux, quelques bateaux
de plaisance viennent encore y glisser silencieusement.
Quelques bateaux de plaisance viennent encore
y glisser
|
Une vue imprenable sur Sanlucar
|
Par
l'odeur alléchés, nos estomacs vides se rappellent à notre bon
souvenir : une churrascaria a installé son grill au dehors et
des poulets grésillent allègrement dans une fumée épicée. La
terrasse, installée à même la rue, surplombe le fleuve, offrant
une vue imprenable sur Sanlucar de Guadiana, en Espagne.
Des
chiens errants attendent, plein d'espoir, qu'on leur lance un
bout de poulet. L'addition payée au comptoir, on a à peine tourné
les talons qu'ils se jettent sur les reliefs de notre repas,
renversant verres et assiettes. Cris, aboiements, couinements.
Le rôtisseur s'agite, distribue des coups de savate. Les affamés
prennent la fuite en emportant les carcasses.
Domicile au sommet d'un arbre mort
|
Le
silence retombe dans la torpeur de l'après-midi. Les rues désertées
nous mènent aux remparts puis aux abords du village. C'est là
que nous comprenons le "Pas suspendu de la Cigogne"... Claquement
de bec, ailes déployées, ce sont les premières de notre séjour,
pas les dernières d'ailleurs, à tel point qu'on en a verra plus
que de coqs.
Le
Portugal changerait-il d'emblème? Ce couple a élu domicile au
sommet d'un arbre mort, avec vue sur le fleuve et l'Andalousie.
On repart en direction de Castro
Marim. Dans un virage, sur le côté gauche de la route,
un étrange monument et un chemin qui descend vers la rivière,
comme une invitation.
|
|
Des bras noueux dans le bleu du ciel
|
Un
chêne étire des bras noueux dans le bleu du ciel. Longue
balade au bord du Guadiana. Le soleil cogne sur la poussière
blonde du chemin. Soif. Deux oranges maraudées nous désaltèrent
sous le regard pensif d'un cheval et d'un âne entravés.Il est
temps de rentrer.
De
la route, l'œil s'évade
sur les retenues d'eau du barrage de Beliche. Déjà se dessinent
d'autres découvertes tandis que le soleil rasant fait miroiter
les eaux comme autant de promesses.
|