Ce
dimanche 3 février, je m'en suis allé, après une longue absence
en ces lieux, goûter le vent et la grande lumière auprès de
mon moulin,
me laisser envahir par le parfum du ciste et de l'herbe nouvelle
avant de glisser vers les grands espaces de l'Alentejo, vers
Mértola. En contrebas du moulin, un chemin m'a emporté
jusqu'à cette rivière. J'ai rencontré à l'entrée du hameau
deux dames déjà bien âgées, toutes de noir vêtues, qui en
sont les ultimes habitantes.
Un
peu plus bas, au bord de la rivière, je me suis posé une
bonne heure sous la garde tantôt fugitive tantôt insistante
de ces dames, étonnées, méfiantes, intriguées par ma présence.
Hors du développement grisant du littoral, j'ai respiré
longuement le souffle discret d'un monde qui glisse dans
la mémoire de ce pays. J'avais presque envie de rester là,
d'en faire un lieu irréductible. Mais qu'en penseraient
ces dames qui attendent la nouvelle route bien lisse et
rapide qui amènera le Portugal nouveau à leur porte. Tout
est toujours à recommencer.