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Andalousie : Raya fronteriza
(seconde partie)
 
Il y a comme un air d'Alentejo sur la route de Paymogo
 
Accéder à la première partie
 
cliquer sur les photos miniatures pour agrandir
 

Bercé par les méandres du grand fleuve, perdu dans mes pensées frontalières, j'en oublie mon barrage. J'imagine pouvoir y arriver en passant par El Granado où je trouverai bien une piste vers l'ouest, comme l'indique vaguement la carte. La route sinueuse se dégrade jusqu'aux abords du village que je traverse trop vite. Une piste m'interpelle vers la gauche, semblant se diriger vers la direction souhaitée. Quelques kilomètres hésitants mais cette piste a l'air d'insister son parcours vers l'ouest.

Des eucalyptus esseulés croisent le fer avec un ciel cristallin

Plus loin, des eucalyptus esseulés croisent le fer avec un ciel cristallin au beau milieu d'un paysage de plus en plus ravagé. La piste grise et poussiéreuse se hisse tout doucement sur un plateau, l'horizon s'ouvre au loin sur des coins du rivage tortueux de la retenue d'eau du barrage convoité.

La partie semble gagnée, le but est proche mais soudain, je déboule dans un hameau perdu, La Isabela, où des regards furtifs s'étonnent de mon passage car je suis identifié immédiatement par une immatriculation qui vient de l'autre côté de l'infranchissable fleuve frontalier tout proche.

Puis le cheminement repart brutalement à angle droit. Je sens que la destinée de la journée va à être bousculée et je suis piqué par une nouvelle curiosité, celle de m'enfoncer dans cette raya fronteriza andalouse. Je me rassure en sachant que je parviendrai à sortir quelque part plus au nord mais en souhaitant secrètement que l'instant du cheminement se prolonge indéfiniment derrière chaque nouvelle colline.

Un écrin de chênes parsemé d'asphodèles blanches

Le dépouillement ravagé qui s'offrait à ma vue s'enrichit maintenant d'un vert avenant, des petites vallées se creusent, l'eau coule et des niches foisonnantes de vie remplacent les eucalyptus décharnés.

Le chaos de la piste laisse augurer une impasse dans ma progression et qui se présente soudain dans le fond d'une vallée plus large que les autres, où un pont a achevé son existence tourmentée depuis quelque temps.

Les eaux limpides de la rivière ont fini par donner une tonalité chaude voire irisée - nous ne sommes pas loin des mines de cuivre de l'Andévalo - au lit schisteux et solide qui devrait me faciliter le passage à gué.

Le désert vert et bleu qui descend jusqu'à Séville

Je profite un long moment de la fraîcheur des lieux au beau milieu d'une journée d'hiver qui devient un été, avant de me lancer fermement vers l'autre rive.

Je m'arrêterai bien un instant au milieu de ce gué improvisé pour regarder ce que j'impose à cette petite voiture de location mais l'eau qui atteint un niveau limite m'en dissuade.

Je me rappelle alors mon premier passage à gué dans les collines de l'Algarve, entouré d'un troupeau de joyeux et gras cochons qui étanchaient leur soif et leur curiosité à mon égard.

Le gros village est vide

Le barrage est désormais oublié, la piste poursuit son destin vers un nord encore très vague. Je n'ai croisé âme qui vive depuis le hameau, depuis longtemps, quand je retrouve avec surprise une route dure.

Je ne me situe pas, je ne cherche pas à me situer d'ailleurs malgré les quelques villages qui jouxtent la route qui s'élargit. Pueblo de Guzmán que je reconnais tout de suite apparaît au détour d'un virage. Je me retrouve donc un peu plus au nord-est. Le gros village est vide en ce début d'après-midi dominical. Le samedi matin, y règne une ambiance affairée et festive de marché aux allures de foire. Je connais bien ces lieux sur la route que j'emprunte d'habitude pour gagner la Sierra de Aracena.

Cistus ladanifer
Cliquer pour en savoir plusCette partie de l'Andalousie, tout comme l'Algarve et l'Alentejo voisins, est couverte de Ciste à gomme (Cistus ladanifer) ladanum ou labdanum, dont il est fait mention plusieurs fois dans ce site. Il est exploité dans l'industrie des plantes à parfum, notamment par la société BIOLANDES ANDALUCIA qui est installée ici à Puebla de Guzmán, au cœur de la plus vaste étendue de ciste labdanum en Europe. Biolandes (siège central dans les Landes en France) y produit entre autres :

- essence et concrète de ciste labdanum
- gomme labdanum
- essence et concrète d'eucalyptus
- des spécialités comme l'oléorésine d'ail ou l'extrait de feuilles d'olivier.



La ermita de
la Virgen de la Peña

Un de mes hauts lieux se trouve dans les environs, il serait bon que je m'y rende maintenant et l'heure vire au casse-croûte. Le ruban neuf et lisse de la route de Tharsis m'amène prestement au pied de la haute colline d'où partait naguère vers ce haut lieu une piste devenue maintenant une belle route. La ermita de la Virgen de la Peña s'accroche sur les hauteurs de roches nues.

Autrefois, l'endroit était vraiment dépouillé, comme posé au-dessus de toute la région. Le monde du tourisme s'en est approché depuis mais ce haut lieu mérite encore son nom les jours de grande solitude, au milieu d'un silence assourdissant ou battu par le vent du nord.

Les nombreux amateurs du pique-nique dominical

Ce ne sera pas le cas aujourd'hui, un grand ballet de machines de chantier bouleversent les abords de l'ermitage, un parking tout neuf est en train de voir de jour bruyamment mais le bruit n'a jamais fait peur à l'Espagne, même pour les nombreux amateurs du pique-nique dominical qui ponctuent les abords des rochers.

Je m'attarde quand même le temps qu'il faut sur les promontoires rocheux qui donnent à voir le désert vert et bleu qui descend à l'est jusqu'à Séville. Au nord, la barre montagneuse d'Aracena annonce l'Extremadura, province secrète et magnifique, précédée de l'Andévalo teinté des couleurs minières du cuivre des bassins du Río Tinto et du Río Odiel. La Sierra de Aracena, prolongement de la Sierra de Morena, s'éteint vers l'ouest avant le lointain sursaut granitique de Monchique, de l'autre côté de la frontière.

La barre montagneuse d'Aracena

C'est donc là devant moi le pays des meilleures charcuteries d'Espagne, celui du jamón ibérico de Jabugo, que j'aime déguster dans les bodegas du côté d'Almonte et de Bollullos del Condado, accompagné des vins capiteux de cette région. A la pensée de ces friandises, la faim me gagne et je me trouve un coin sous les pins, hors de la multitude, au pied de la colline, pour dévorer la pitance que j'avais emmenée avec moi, comme souvent. Puis je rebrousse chemin pour regagner Pueblo de Guzmán et m'enfoncer de nouveau dans cette raya fronteriza. Il y a comme un air d'Alentejo sur la route de Paymogo, jusqu'au pont de la ribera de Malagón où une forêt claire reprend le dessus.

Ermita
posé comme un bijou

J'entre dans une zone très reculée de los pasos fronterizos de Huelva, dotée d'un magnifique environnement naturel, théâtre d'aventure pour les nombreux contrebandiers qui passaient au Portugal jusque Corte do Pinto, activité qui améliora le quotidien de nombreux paymogueros pendant la guerre civile de 1936.

Peu avant le village, je m'octroie une pause auprès d'un petit ermita restauré dont j'ai oublié le nom, posé comme un bijou dans un écrin de chênes parsemé de grandes asphodèles blanches. L'église brune de Paymogo (Iglesia de Santa María Magdalena - XVe siècle) se profile dans l'horizon bleuté.

Un fier cavalier assoiffé et son cheval

La bourgade blanche et aérée est encore plus déserte. Devant un bar, dans une chaleur insistante, un fier cavalier vide une bouteille de bière fraîche à même son cheval nerveux qui voudrait lui aussi partager cet instant, en somme une version locale d'un Mac Drive.

Je me promets de revenir à Paymogo et de partir sur les pistes qui mènent jusqu'aux rives frontalières de la Ribera del Chanza, de suivre la ruta de los antiguos molinos de agua, la ruta del contrabando et de rechercher un autre hypothétique passage terrestre prévu vers le Portugal, enfin de m'imprégner du parfum des plantes médicinales exploitées ici (lavandes, romarin (romero), menthe pouillot (poleo) poejo en portugais, cistes (jaguarzos)) qui coexistent avec les troupeaux de moutons, de chèvres, des fameux porcs de la Dehesa et même de toros. De prendre aussi la piste qui remonte vers le nord en traversant los Pagos de Sierra, vers Jimonete et Rosal de la Frontera, le plus proche - mais si distant - point de passage vers le Portugal.

Coto privado de caza

Je file maintenant vers l'est, figuiers, oliviers font rapidement place aux grandes et très privées réserves de chasse clôturés (coto privado de caza). A Santa Bárbara de Casa, je retrouve cette route qui m'avait laissé une impression curieuse quand je l'avais empruntée naguère alors qu'elle venait d'être modernisée.

Le revêtement était parfaitement lisse et dont l'inclinaison dans les virages semblait avoir été calculée pour un confort absolu qui donne l'envie de se laisser glisser indéfiniment jusqu'au bout du pays, sans effort et sans bruit, à travers le schiste tout frais taillé.

A travers le schiste tout frais taillé

La route a aujourd'hui perdu un peu de son confort, elle m'amène rapidement à Rosal de la Frontera, gros bourg collé à la frontière, gavé de commerces toujours animés, sur l'axe Lisbonne - Séville.

Nous voici au premier point de passage terrestre entre les deux pays depuis Ayamonte. Rosal de la Frontera est également un point de départ - encore faut-il y arriver - pour d'autres découvertes dans la région, que je vous conterai d'ailleurs une autre fois.

Rosal de la Frontera

Vers l'est dans le grandiose paysage qui conduit à Aracena et où se nichent - quintessence des collines de l'Andévalo - les vieilles cités : Cortegana, Aroche, Almonaster la Real.

Vers le nord, dans la corne du Portugal, le mystérieux pays de Barrancos, où le parler est teinté d'espagnol et l'unique lieu au Portugal où, sujet de grande polémique, se pratique la corrida à l'espagnole, c'est à dire avec la mise à mort du taureau.

Vers l'ouest, dans la quiétude de l'Alentejo, vers Serpa la Blanche. C'est par ce côté que je rentrerai ce soir, en perdant l'heure que j'avais gagnée ce matin. Mais je me trouve maintenant encore hors du temps.

 
Accéder à la première partie
 
Cliquer pour obtenir toute la carte
Une carte détaillée de la région accompagne les 2 parties de cette escapade en proche Andalousie. La carte est grande et détaillée. Cliquer sur la miniature pour l'obtenir.
 
Texte et photos : © Alquimista.net, mai 2002.
 

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