Il
y a quelques jours, je recevais ce colis acheminé
par les soins de EMS Chronopost. La vie moderne a parfois
des bons côtés. Recevoir ce colis par voiture
spéciale conduite par un chauffeur égaré
et effaré par ces montagnes de solitude qui entourent
mon village perdu, clamant partout son désarroi devant
cette boîte étrange venue d'ailleurs, de très
loin car rien n'est écrit en français, était
quelque chose un peu irréel et décalé
à l'heure du conditionnel traité de Nice.
L'Europe doit se faire dans la tête des gens car pour
la technologie, c'est presque fait, c'est déjà
ça.
Un
fromage de la plus pure tradition artisanale portugaise
m'arrivait ainsi par la voie des airs, bravant toutes nos
frontières. Un délicieux fromage au lait bien
cru, pur brebis, des montagnes de l'est du pays, un de ces
fromages que l'Europe veut rendre fade sous des tonnes de
normalisations successives.
Il
n'y a pas qu'en France que les fromages au lait cru sont
à défendre, n'en déplaise au sieur
Jean-Pierre Coffe. Longue vie au Queijo de Castelo Branco
et à ses cousins de Serpa,
de la Serra da Estrela et à tous les autres.
Ah
! J'oubliais, meu amigo Paulo avait délicatement
consolidé le colis avec une bouteille de Dão
1995, Porta dos Cavaleiros, de bonne facture et qui
méritera un repos prolongé.