Course
traditionnelle
La tourada
est la corrida (course) équestre traditionnelle portugaise.
Elle ne comporte plus de mise à mort depuis le XVIIIeme
siècle, plus de pique depuis 20 ans, et les cornes
des toros sont gainées de cuir afin de prévenir
les accidents. Les chevaux sont de race
portugaise et les toros sont d'élevages
portugais (Ribatejo). La tourada exprime des
qualités appréciées des portugais :
l'adresse, le sens de la tradition, le courage.
En préliminaire
les cavaleiros, toureiros et forcados
défilent et saluent la présidence. Les chevaux
de parade sont spécialement préparés.
La tourada se déroule dans une arène
sablée ronde. Certaines sont saisissantes par leur
rusticité (à Garvão). Il y a
toujours une fanfare (musica).
La tourada
portugaise se déroule en deux temps : la pose des
banderilles (farpas) à cheval (6 à
9 selon la capacité du taureau), l'immobilisation
du taureau à la main par les forcados. Pendant
la tourada les peões (toureiros
à pied) déplacent le taureau à la cape.
Il n'y a pas de passes ni de test de la personnalité
du taureau à la cape.
Cheval
lusitanien
Les portugais
ont une longue tradition équestre et sont toujours
de grands cavaliers classiques. L'art équestre est
une fierté nationale aimée par le public. Les cavaleiros
sont vêtus à la française, avec des
chevaux impeccablement préparés. Dans chaque
tourada les cavaleiros effectuent tous les
grandes exercices de haute école, compris des piaffés
face au toro, les pirouettes au galop, les épaules
en dedans, tout en travaillant avec un vrai danger dans
l'arène.
Le travail
de dressage est impressionnant : le cheval est un animal
que l'instinct pousse à fuir devant le danger, le
dressage l'amène à devenir un participant
actif de la tourada. Le cheval est attentif, donne l'air
de se servir naturellement de sa queue pour conduire la
charge du toro, cherche à attirer l'attention
du toro. Les feintes face au toro sont spectaculaires.
En fin
de course, la pose de banderilles courtes se fait à
longueur de bras du taureau. La tourada prive le
cavalier de l'aide de ses mains. Le corps tourné
ne doit pas modifier la position des jambes.
La pose
des banderilles se fait après avoir placé
le toro au centre de l'arène, il faut demander
la charge par une sollicitation latérale (le taureau
ne voit pas devant lui), le cheval doit être souple
et réactif pour tourner extrêmement rapidement
(qualité des lusitanos
qui sont courts et vifs, on voit des positions en virage
très esthétiques).
Pour
garder la fraîcheur du cheval, le cavaleiro
change de monture généralement après
3 banderilles comme des polo ponies qui sont changés
tous les 20 minutes. Depuis 5 ans, une cavaleira, Sonia
Matias, se taille un franc succès populaire ("Sonia,
Sonia
").
Immobiliser
le taureau
La seconde
partie de la course (arrojado) consiste à
immobiliser le taureau. Les 8 forcados (anciennement
"porteurs de fourches") sont à pied, mains
nues. L'un d'eux provoque le toro dont la charge
est devenu plus courte, il a son bonnet de bouvier, il invective
le taureau avec arrogance. L'adresse consiste à saisir
le taureau par le cou, entre les cormes, en reculant. Quand
le taureau relève la tête le forcado
doit tenir fermement le cou. C'est alors que les autres
l'immobilisent. Les forcados ne sont pas rémunérés.
Ci contre : forcado victime d'une déchirure de culotte
mal placée.
On ne
peut pas éviter pendant ces moments de penser aux
coupes trouvées à Mycènes qui représentent
les même scènes : la dimension mythique du
taureau maîtrisé. J'ai mis beaucoup de temps
pour comprendre que le Minotaure était le symbole
de la nature dans ce qu'elle a de fondamentalement improbable.
A
voir : deux interviews de Sonia, de belles
photos et un intéressant rapprochement avec Mithra
sur ce
site d'un amateur.
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