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Jean-Paul Brigand & Ann Kenny
de Porto Covo

Alentejo,
deux millénaires plus tard...

Voir aussi une série de photos dans le courrier des lecteurs :
Pays très attachant

Et leur :
Chronique d'un jardin Annoncé

Egalement :
Tourada à Santiago do Cacém

cliquer sur les photos miniatures pour agrandir
 

L'Alentejo a été façonné par la latinité. Longtemps enclavé il présente de nombreux caractères fossiles du bas empire romain.

Marion Kaplan dans "The Portuguese" dit que tous les villages du Portugal ont une ruine romaine. En Alentejo, il y a en plus, partout, une ambiance de latinité pas encore oubliée.

Un quotidien latin : boire, manger…

Premier indice de latinité, le manger, le boire, le bonheur d'être à table. Le vin rouge tient une grande place dans la vie alentéjane. Quand vous faites la route des vins, partout on vous montre les celliers romains. Le vin ici se fait encore dans de grandes jarres de terre cuite - romaines - avec des cépages indigènes romains. Jusque dans la bas Alentejo, il n'est pas rare de voir à côté des montes une dizaine de rangs de vigne.

Le goût des latins est typique : goût pour l'amer, le salé, le salé-sucré. La gastronomie alentéjane aime les vinaigres de vin. Le Portugal en produit d'extraordinairement évolués. Ce sont des purs vinaigres, à la romaine (Moura Alves fait les plus renommés, sa réserve spéciale a 8 ans de maturation). On pense aux légionnaires romains qui se rafraîchissaient d'eau vinaigrée.

Le goût pour le salé, se constate après le repas. On a soif. De la romanité mangeuse de poisson salé (les saloirs à poisson romains ont été retrouvés au nord de Milfontes) vient la bacalhau, suite d'une longue histoire.

La cuisine est faite de plats simples aux accents ruraux : Goût pour le gibier et la chasse (on pense à Villa Casale Piazza Armerina), poissons et porc grillé servis les produits de l'hortus. Chacun a son horta aux légumes peu variés, choux, fèves, de raves (navets) romains. Ces légumes sont cuits à l'eau. L'Alentejo conserve ces traditions de soupes-repas (cuisson perpétuelle, pas de réfrigérateur), complètes, rurales. On lit Pline.

Le repas évoque irrésistiblement la visite d'Herculanum avec les pains, on aime les boules de pain à la farine pas trop blanche, qui sentent bon. On cuisine à l'huile d'olive, un rien tannique. Les pâtisseries très sucrées, le plus souvent au miel.
Les plats de fête sont les agneaux grillés sur la braise, le porc aux palourdes (sucré salé). Apicius.

La cuisine alentéjane n'a rien à voir avec l'italienne, variée et précise. Elle est restée fermement proche de la campagne, comme les romains de l'empire. La vaisselle (terre cuite rouge) est la même que celle des fouilles.

Un cadre de vie à la romaine

Si vous entrez dans un monte paysan, vous êtes dans un autre temps. Ces maisons faites d'un mortier pierre+boue couvert d'enduit (Vitruve), sans fondation (d'ou les fréquents contreforts) posées sur la terre battue, avec à leur centre un foyer sous l'unique cheminée, leur petites fenêtres (souvenir de la villa aurea), l'absence de plafond et l'étable au bout du bâtiment… les tuiles romaines… Vous êtes au musée archéologique de Naples, vous regardez les paysages des fresques avec les maisons rurales, pauvres, avec un olivier dans le jardin, et une chèvre. Au sol, ces assemblages inventifs de galets, de pavés (Pompéi, villa des cerfs, etc.), les décors en losange n'ont pas changé depuis.

Les alentéjans ont de la romanité le goût de construire, de faire des murs, des maisons, d'édifier.

La romanité des mœurs, de l'imaginaire.

Les alentéjans ont des habitudes de pater familias, une fierté masculine. On est incrédule quand on apprend la fréquence du suicide chez les hommes. Si un sentiment d'inutilité les saisis passée la cinquantaine : ils se donnent la mort (en buvant un verre d'insecticide) - comme les romains se coupaient les veines dans leur bain (ou bien signe de celticité, le suicide est fréquent en Bretagne ?).

Chapelle de
São Brissos

Les foires agricoles s'accompagne de corridas - romanité de l'arène. Les alentéjans aiment les chevaux, avec un sens strict de la tradition, le dressage est le plus traditionnel qui soit dans le monde. La corrida est équestre, élégante, habile. Dans la campagne on voit de grandes villas autour d'une grande cour avec un manège et des chevaux. Les grandes villas romaines.

A partir de 4 heures les hommes s'assoient sur un banc ombragé et parlent. Comme sur les forums au sortir des thermes. Les conversations sont les mêmes depuis les retraités de la 5eme légion qui fondèrent Pax Iulia (Beja), du nom de la fille d'Auguste en 25 avant JC - simultanément à la fondation de la province de Lusitanie).

De Constantin ils tiennent la religion chrétienne, une religion pleine de saints locaux, de miracles, de magie, d'ex-voto, de hiérarchie romaine. Un bas paganisme fantastique est toujours vivant. Dans les murs ces niches près des portes ou Marie (Hécate) vieille, dans la campagne ces grands portails au milieu de rien comme des piliers hermaïques. La chapelle de São Brissos bâtie dans un dolmen est une fascinante permanence de la présence païenne. Apulée.

La latinité culturelle

Poésies gravées
à Porto Covo

La langue portugaise est latine dans son vocabulaire et sa syntaxe. Comme les romains les portugais sont des bâtisseurs d'empire (ils en ont fait 3) et tiennent des latins un rapport positif et intéressé à l'étranger (il y a toujours quelque chose à découvrir chez les étrangers). Ce pays assimile les étrangers comme Rome assimilait les peuples de l'empire. A l'inverse du passé, les portugais actuels s'identifie à l'Alentejo qu'ils ont décidé de préserver jalousement (ils y parviennent presque). Comme un sanctuaire. Ils y viennent nombreux dès qu'ils ont un jour de congé.

De Pompéi nous conservons le souvenir des inscriptions sur les murs, des vers d'Ovide. Sur une maison de Porto Covo sont gravées des poésies (Pompei la maison du poète). De la latinité l'Alentejo a gardé un goût des vers, de la magie de l'oral, d'une poésie quotidienne.

à...
...Mirobriga

Le Sud a bien entendu subit les échos atténués de l'histoire : A Santiago de Cacém la ville romaine Mirobriga est dans un site protégé du vent (Vitruve), la ville médiévale sur hauteur dominante et fortifiée, la ville nouvelle en bas de château, la ville moderne va vers la campagne et monte vers la ville romaine.

En Alentejo il y a comme un sentiment du temps qui ne passe pas, une sorte de nature sans début ni fin (Lucrèce), une permanence qui donne aux choses une épaisseur intemporelle. J'aime penser à la description que fait Frédérico Zerri des lieux païens (les grottes du Dieux Pan à Cesarée de Philippe, Palmire…) quand nous marchons dans la campagne, aux heures chaudes sous un immense ciel tout bleu. Les dieux préservent l'Alentejo.

NDLR : pour qui est intéressé par la cuisine traditionnelle de l'Alentejo, Alquimista vous conseille de lire ou consulter les ouvrages suivants (en portugais) :

COM POEJOS E OUTRAS ERVAS de CARVALHO, A. M. GALOPIM DE. Editor: ÂNCORA EDITORA, LDA. Ano Edição: 2001

COZINHA TRADICIONAL PORTUGUESA de Maria de Lourdes Modesto. Editor : Verbo. Régulièrement réédité. Très complet sur toutes les régions. Un peu complexe de premier abord car on n'imagine pas la richesse gastronomique du Portugal.

En ce qui concerne plus particulièrement l'Alentejo, en portugais, une merveilleuse série coordonnée par Alfredo Saramago, dans la collection Coração, Cabeça et Estômago, chez ASSÍRIO & ALVIM, indispensable pour les amoureux des bons produits et de la cuisine et des vins de ces régions :

COZINHA ALENTEJANA

GASTRONOMIA E VINHOS DO ALENTEJO

PARA UMA HISTÓRIA DA ALIMENTAÇÃO NO ALENTEJO

 
Page © Alquimista.net, 22 mai 2003.
Textes et Photos © Jean-Paul Brigand, optimisées Alquimista.
Matière fournie par les Lecteurs : lire les conditions d'utilisation du site
 
 

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