Avant
de quitter Évora,
on peut encore découvrir un peu de ses environs puis s'éloigner
sans en avoir l'air, en prenant vers le Nord Ouest, du
côté d'Arraiolos et de Montemor-O-Novo.
Par
exemple, il est un de ses nombreux et célèbres couvents
qui devrait prochainement enfin s'ouvrir aux visiteurs.
On l'aperçoit de la terrasse de la Cathédrale (Sé)
et du petit jardin qui jouxte le Temple de Diane (plus
probablement consacré à Jupiter) j'ai nommé le Convento
do Espinheiro (buisson d'épines dans lequel aurait
été découvert une image de la Vierge sur l'emplacement
duquel il fut édifié). Bien que classé Monument national,
il demeura obstinément fermé au public... car propriété
privée.
C'est pourtant dans ses murs qu'une bonne part
de l'Histoire de la région et du Pays s'est faite. Et,
bien sûr, de nombreux personnages célèbres y sont enterrés,
dont Garcia et André Falcão de Resende et
bon nombre de membres de la haute noblesse des XV et XVIe
siècles (Mascarenhas, Mendonça, Silveira, Castro, Meneses...
la fine fleur). Il recèlerait une magnifique cave (immenses
jarres de terre cuite) un petit cloître à deux étages
et la chapelle
funéraire des Resende à proximité du Couvent. Espérons
que les travaux de rénovation ne dureront pas trop longtemps.
Il
ne faudrait toutefois pas croire que tous les grands propriétaires
de terres et bâtiments historiques furent systématiquement
oublieux des devoirs qui leur incombaient autant envers
leurs employés qu'envers les vieilles pierres dont ils
avaient la garde. Alors que la plupart se désintéressa
du sort de ses propriétés, d'aucuns (trop rares il est
vrai) eût un comportement digne de respect.
Tels
furent (jusqu'à preuve du contraire...) le couple des
Eugénio d'Almeida : le comte Vasco M. de Vill'Alva
et son épouse. Alors que certains employés agricoles n'étaient
souvent pas payés, ceux qu'ils employaient étaient payés
trois fois plus que le salaire courant dans la profession.
Ils léguèrent leurs huit propriétés (dont la Chartreuse
Santa Maria Scala Coeli -la seule au Portugal-
qu'ils restaurèrent et repeuplèrent) à leur Fondation
Eugénio d'Almeida (située entre l'Université et
la Cathédrale).
Comment
oublier que c'est au comte (entre autres) que l'on doit
la réouverture de l'Université
? Comment ne pas être admiratif quand on sait de quoi
se composait "l'oligarchie" qui veilla sur le destin de
l'Alentejo au XXe siècle ? Pour en savoir plus, allez
donc faire un petit tour du côté du palais des Comtes
de Basto (la cour ou Patio São Miguel se
visite discrètement) et de la collection d'attelages à
la Galleria S.Miguel. Ces bâtiments hébergèrent
la Cour royale à plusieurs reprises ainsi que les moines-chevaliers
d'un ordre de chevalerie qui allait devenir l'Ordre de
São Bento d'Avis.
Ceci
pourrait nous mener directement à Avis, qui se
trouve sur notre route, cependant poursuivons en direction
d'Arraiolos, sur les rives du petit barrage de
la rivière Divor (du côté du village d'Igrejinha)
pour un hébergement (et restaurant) d'exception. Son nom
? Borda d'Agua. Suivez les chevaux. Il serait logique
de se rendre à Arraiolos, mais allez plutôt fureter
vers Montemor-O-Novo, c'est cent fois mieux et
tant pis pour les tapis (quoiqu'on en voit partout...).
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