J'ai
toujours aimé cet instant, quand le grand oiseau rouge et
blanc atteint le bord du monde. Parfois, au gré des règles
de navigation, il se perd dans le grand bleu aérien du sud
além do sul, comme une invitation à un autre voyage,
avant de nous déposer finalement sur la piste de Faro,
après une longue boucle.
Un
jour, à la faveur d'une séance de photos à l'aide un monomoteur
dont j'ai oublié le nom, j'ai survolé l'ourlet de sable
du Sotavento jusqu'aux confins de la Costa de
la Luz andalouse, en m'appliquant à identifier tous
les points terrestres connus de moi. En y repensant aujourd'hui,
c'était aussi survoler la frontière de mon pays agrandi.
Depuis
cette époque, les avions m'ont ramené des dizaines de fois
sur ce fil tendu
entre la terre et le large, en m'y déposant au point de
non retour, dans un tremblement de racines, vers une glissade
heureuse.