Je
vous avais dit
que j'irai jeter les outrages du destin dans le hasard des
voiles de mon moulin.
Dans
la tentation de ce printemps, j'ai ouvert les pages du journal
du destin. A la Une, des loups bien habillés, sans
queue ni tête, de ce pays dont on ne revient que dans
la mémoire des autres. Le vent était si fort
ce jour-là que les outrages se déchirèrent
au passage sur les ailes immobiles, sans les casser. Comme
un destin qui fait sa ronde avec les souvenirs d'une mémoire
qui s'en moque, leurs déchirements reviennent encore
parfois dans le vacarme de mes nuits perdues. De quoi trancher
l'avenir, ou sur l'avenir.
Les volutes de mes
traces traînent dans ce pays, parfois très amèrement.
Mais j'y découvrirai encore des lieux qui tisseront un attachement
personnel au fil du temps ou tout de suite, car ils se sont
placés sur mon chemin à des moments clés. Ils n'ont donc de
valeur que celle que j'échange avec eux. Me suivre sur ces
traces-là est un peu vain ou difficile mais permettra de tracer
les vôtres.