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 Premier séjour en Algarve en mars 2000
Sylvie Wallez

de Belgique, octobre 2000
 
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En face d'Olhão, un regard vers la mer
En face d'Olhão, un regard vers la mer
 
Olhão et Tavira
 
Des poussins duveteux

Implacable logique

Une pluie fine, quasi irréelle, voile la campagne et fait monter des odeurs sauvages de terre mouillée. Rui est aux anges, il ne faudra peut-être pas arroser. Tout est si sec.

Comment voulez-vous qu'il y ait du jus dans les oranges s'il n'y a pas d'eau dans les orangers ? Implacable logique de l'homme du Sud. Consternation des "Nordiques". Ça ne va pas durer au moins? Qu'à cela ne tienne.

Marché d'Olhão au programme. Déjà, de grandes trouées déchirent la grisaille et le mimosa projette dans le bleu des poussins duveteux comme autant de petits soleil éclatants.

De curieux bancs ornés d'azulejos

Olhão, face à la lagune

Une longue jetée

Nous arrivons à Olhão par le port, probablement un des plus grands d'Algarve.

Une longue jetée bordée d'un muret court tout le long de la grève, dépasse le marché et rejoint une place dégagée agrémentée de curieux bancs ornés d'azulejos.

Le marché se tient dans une grande halle de briques rouges face à la lagune. Les étals sont groupés par nature, fruits et légumes, viande, volaille, ...

L'espace réservé au poisson est impressionnant : carrelé, débordant de glace pilée, il regorge de thons, sardines, poissons épée, crabes, coquillages, crevettes, ... que les ménagères marchandent allègrement. Ça sent bon, d'un parfum léger, frais et fleuri. Tiens, des roussettes dans un seau.

Des filets pleins de palourdes

Tituber de bonheur

Tiens, des roussettes dans un seau

Les échopes sont une invitation à une promenade impressionniste. C'est sûr qu'on fait un peu touristes : ici, on nous fait goûter des amandes grillées, plus loin, on nous vante un miel de fleurs d'oranger ...

Une marchande de fruits me tend une fraise, d'un rouge violet presque noir, brillant. Rien que son odeur me fait chavirer. J'y mords et son goût explose, effaçant à jamais tout souvenir que j'aurais pu avoir de ce fruit. Jambon, saucisse sèche, quelques tomates odorantes, du pain - ciel, le pain ! - et un flacon d'huile d'olive. Ça peut toujours être utile, le grand air, ça creuse.

Tout nous tente, poivrons éclatants, aubergines à la peau tendue, bottes de carottes, pois dans leurs cosses éclatées, céleri, coriandre, persil, tresses d'ail, colliers de piments, ... odeurs et couleurs mêlées nous font tituber de bonheur. Sur le port, des pêcheurs déchargent des filets de palourdes tandis que de petites embarcations s'agitent mollement.

Une frise de céramique colorée

Attente insupportable

Des drôles de petits pavés

De drôles de petits pavés, lissés par le temps et des millions de pieds, nous mènent par les ruelles quasi désertes du vieux quartier.

Tout le monde est au marché. Quelques maisons en terrasses, une frise de céramique colorée, le dépaysement est total.

Et voilà que notre air s'ensoleille d'une odeur reconnaissable entre mille. Au détour d'une ruelle, une petite vieille rabougrie grille des poulets à l'entrée d'une minuscule cuisine noire de suie.

Ouvertes en crapaudine, marinées dans un mélange de vin blanc, de gros sel et d'oignon, les volailles attendent sagement dans la pénombre qu'une main experte les approche de la braise rougeoyante, les retourne, les badigeonne d'huile pimentée, les retourne encore, guettant un appoint de cuisson jamais démenti.

L'horizon se rapproche

Ça fume, ça grésille et crépite. La peau dore et se souffle, caramélise dans les sucs aromatiques. Mon dieu, l'attente est insupportable, nos sens sont au supplice. J'en ai encore l'eau à la bouche rien qu'à écrire ces lignes.

L'horizon se rapproche

On file, la pitance brûlante dans les mains, direction Fuzeta. Panneau Praia. Immense parking aménagé. Heureusement qu'on est hors saison. L'été, ce doit être l'enfer. Par chance, aujourd'hui, c'est presque désert.

On laisse la voiture et la folie des promoteurs loin derrière pour descendre sur la plage, contourner un bateau échoué à marée basse et s'installer sur un banc de sable, l'oeil sur l'horizon marin.

Une pensée fugitive interrompt notre extase gastronomique : curieux, on dirait que l'horizon se rapproche. Horreur ! il s'est même rapproché derrière nous aussi et nous voilà isolées sur notre banc de sable par une marée sournoise qui nous a subrepticement encerclées.

Bougainvillée

En deux temps trois mouvements, tout est remballé et on bat en retraite, hilares, de l'eau jusqu'à mi-cuisses. Le soleil aura tôt fait de nous sécher.

Tavira, tenir l'instant en équilibre

Igreja Matriz de Santiago

Tavira nous retrouve un peu fourbues, pas assez cependant pour renoncer à musarder à l'heure où les ombres s'allongent. Nous allons à la rencontre du Castelo dos Mouros, qui étreint encore ici et là la vieille ville. Loin de la folie des hommes contre laquelle il fut érigé, il abrite maintenant des jardins à la fois sauvages et discrètement ordonnés.

Igreja Santa Maria do Castelo

Du haut des murs, on embrasse la ville jusqu'à la lagune où des tas de sel hérissent l'horizon. En contrebas, les toits biseautés aux tuiles rousses et rondes renvoient les piaillements joyeux d'une volée d'oiseaux chassant le moucheron.

Tout près, l'Igreja Matriz de Santiago, dont le clocher rehaussé d'ocre jaune, se termine par d'étranges cornes rayées. Posée au sommet de la ville, l'Igreja Santa Maria do Castelo, nimbe sa blancheur du crépuscule naissant.

On pourrait rester là des heures à contempler la fin du jour. On redescend dans la lumière qui file, envahies d'une douceur qu'on a envie de retenir.

Ne pas rompre le charme, tenir l'instant en équilibre.

 
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Page © Alquimista.net, 27 octobre 2000.
Texte et photos : © Sylvie Wallez, photos optimisées Alquimista.
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