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une rubrique qui vous donne la parole, dans l'esprit du
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Récit
d'une Vie, de l'Alentejo à Reims Francisco Accão
Farias
Son frère António
Francisco
nous raconte son enfance et sa jeunesse à Aljustrel
puis son émigration forcée en France à
Reims en 1972. Récit en plusieurs parties et en
portugais (traduit en français également)
rempli de déchirement et d'émotion.
J'ai
eu l'occasion de passer fin mai à Aljustrel, une
petite ville minière en Alentejo à l'écart
des nouvelles routes de la croissance et de rencontrer
son frère António, ci contre devant chez
lui et tout étonné de ma visite.
Acabei
de ler o seu correio me pedindo de lhe contar a minha infância
e a minha vila. É com prazer que lhe o vou fazer e com muitas
dificuldades de vir ao meu passado sem deixar algumas lagrimas
cair em cima do teclado. Vou começar por o numero (1) de 1957
aos nossos dias mas tem de ter um pouco de paciência porque
isto vai ser quase um livro acompanhado de retratos mais tarde.
Je
termine juste de lire votre courrier me demandant de raconter
mon enfance et ma ville. C'est avec que je vous le ferai et
avec beaucoup de difficultés à regarder mon passé sans laisser
tomber quelques larmes au dessus du clavier. Je vais commencer
la première partie de cette vie qui va 1957 à nos jours mais
il vous faudra un peu de patience car, plus tard, cela sera
quasiment un livre accompagné d'illustrations ou de portraits.
Aljustrel en mai 2001, le jour où j'ai rendu visite à
son frère António
Première
partie : de 1957 à 1962
Six
ans difficiles a vivre pour nos parents et nous pour démarrer
une vie
Eu
nasci em 1957 nos altos ao pé da tourada e tenho um irmão gémeo.
Em 1957 o meu pai trabalhava nos campos et muitas vezes era
pago com grãos ou outra coisa, a miséria era tão grande que
era os vizinhos que nos davam o leite e outros alimentos mas
eu não era um caso isolado na vila. Havia centenas de pessoas
como nos.
La rue où j'ai passé mon enfance
Eu
me lembro uma coisa como se fosse ontem : o pão era tão duro
que tinha-mos de o molhar antes de o comer e só quando havia
agua. Não havia nada (agua, casa de banho, electricidade, dinheiro
e comer etc. etc. ).
Íamos
apanhar o resto de grãos nas eiras e ajudar os nossos pais a
cortar o trigo e a apanhar palha.
De
vez em quando o meu pai trazia um osso de presunto que lhe davam
na Sacor que é uma bomba de gasolina que se encontra na estrada
de Castro Verde. O osso era raspado ao máximo e só servia para
dar gosto ao jantar de grãos evidentemente porque não havia
outra coisa.
Je
suis né en 1957 sur les hauteurs au pied de la tourada et j'ai
un frère jumeau. En 1957, mon père travaillait aux champs et
souvent il était payé de pois chiches ou autre chose de similaire,
la misère était si grande que c'était les voisins qui nous donnaient
du lait et d'autres nourritures mais ce n'était pas un cas isolé
dans la ville.
Castro Verde
Il
y avait des centaines de personnes comme nous. Je me souviens
d'une chose comme si c'était hier : le pain était si dur qu'il
fallait l'humidifier pour le manger et encore seulement quand
il y avait de l'eau. Il n'y avait rien : pas d'eau, pas de toilettes,
d'électricité, argent ou nourriture…
Nous
allions ramasser les restes de pois chiches sur les aires de
battage et aider nos parents à faucher le blé et ramasser la
paille.
De
temps à autre, mon père ramenait un os de jambon qu'on lui avait
donné à la Sacor, une station d'essence située sur la route
de Castro Verde. L'os était raclé au maximum et servait uniquement
à donner du goût au souper de pois chiches parce que évidemment
il n'y avait rien d'autre.