Entrée d'un jeune
dans la vie professionnelle dans un monde d'adultes.
Entrée
d'un jeune dans la vie professionnelle dans un monde d'adultes,
garçon au café central d'Aljustrel pour servir les adultes qui
venaient pour la plupart jouer aux dominos la journée entière.
D'autres
plus riches venaient la nuit, en cachette, après la fermeture
pour manger et boire des choses qui m'étaient inconnues ; ils
étaient bêtes et alcooliques et ne me respectaient aucunement.
Moi j'étais jeune et faible, je ne pouvais, avec un plateau
plein de bières, servir tout le monde en même temps ; ils étaient
impitoyables avec moi et ne pardonnaient jamais rien.
Les escaliers de la chapelle d'Aljustrel (Nossa Senhora
do Castelo)
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Je
travaillais 14 heures par jour, 6 jours sur sept, et un jour
de repos où on se retrouvaient tous entre garçons de café du
même âge pour faire la fête à notre manière. Surtout avec mon
meilleur ami comme moi garçon de café ; je sympathisai et tombai
amoureux de sa sœur et, toujours à penser à mon avenir, je commençai
à chercher un autre travail plus agréable et mieux payé. J'en
trouvai un comme boulanger à Aljustrel, je commençai à minuit
pour finir à mi-journée, mais ça me laissait du temps libre
pour voir ma petite amie.
Je
travaillai ensuite également à Beja et à Faro comme garçon de
café mais j'avais un problème, j'étais loin des miens sans connaître
personne et j'urinais même dans mon lit, mais les patrons étaient
gentils et à ce sujet comprenaient ma situation, que j'étais
uniquement un jeune voulant sortir de la misère.
Je
trouvai un autre emploi à la boulangerie industrielle de Beja
qui payait mieux et pour être proches de mes camarades de Beja.
Tout allait pour le mieux jusqu'à ce jour du 18 octobre 1972,
date où mon père décida de nous faire venir en France.
Je
devins fou à penser que j'allais abandonner tout ce que j'avais
préparé pour mon avenir. C'était impossible de me mettre dans
la tête d'abandonner ma petite amie, mon nouvel emploi et mes
amis et j'étais vraiment amoureux de la sœur de mon ami.
Le
seul moyen de ne pas être obligé de partir en France était
de fuir loin de ma mère. Tout cela me rendit fou et un jour,
je partis d'Aljustrel à pied sans argent et sans me nourrir
durant 3 jours jusque Setúbal où se trouvait mon frère António,
pensant qu'il viendrait à mon secours. Mais mon frère ne pouvait
rien faire parce qu'il était sous l'autorité de mes tantes.
Ma mère vint me chercher à Setúbal et de retour à Aljustrel
je fis une nouvelle tentative de fuite mais sans parvenir à
faire échec à l'émigration vers la France.
(Traduction Alquimista)
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