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Photo© Alquimista.net

Jean-Claude Petit
Je vis à Alcácer (5) :
Inverno em Portugal

Voir aussi ses
Visions d'automne (2002)
en 8 parties

dont 3 pages consacrées à Alcácer do Sal


(photos © Alquimista.net)

 
 
 

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Bilan d'hiver bon pour l'actionnaire :
gros dividende

Il y a déjà un peu plus d'un an que je me suis embarqué dans cette aventure portugaise qui allait me conduire à une émigration complète. Premier bilan.

Vous mes fidèles amis du Pays basque et des alentours, ceux d'Hendaye, d'Urrugne, de Ciboure, de Saint-Jean de Luz, de Biarritz, de Bassussary, de Labenne, je suis sûr que vous vous êtes dit…
     - Y va pas tenir… y va revenir...

Eh bien non, il ne reviendra pas. Il reviendra, oui, mais comme ça, pour vous embrasser, faire la tournée des grands ducs, pomper votre cave et piller vos réserves d'écrevisses, se refournir aussi en piment d'Espelette , en confitures de cerises d'Itxassou, en ventrèche de thon de Gascogne, en cidre Txopinondo. Mais entre la France et le PNA (Pays de Nos Affinités), les amarres sont rompues. Le navire vogue et on n'inverse pas la vapeur, à plus forte raison en hiver.

Entre "l'Hexagone" (horrible mot) et moi, il y a tout un monde. D'abord l'immense Espagne qui fait glacis, la haute Castille balayée par un blizzard sibérien au point que les habitants d'Avila (qui semblent marcher perpétuellement comme des fourmis) ont la goutte au nez (nez qu'ils ont d'ailleurs fort rouge au détour du cache-col). Chaude l'Espagne ?

Ensuite, neuf cents kilomètres nous séparent d'Irun à Marvão et mille soixante jusqu'à Alcácer. Je ne parle pas du Poitou et des Charentes, ni de l'Anjou, ni de la Suisse et des Alpes où mes nostalgies pourraient encore se nicher. Il faudrait faire carrément 2000 bornes pour aller cueillir au chalet un reblochon des Aravis. Et comme on en trouve (du bon) chez Carrefour à Montijo… Comme on trouve même du Brie de Meaux (du vrai) à Alcácer… Alors pourquoi risquer sa peau ?

Photo© Alquimista.net

Les 38e caressants, encore !

Enfin et surtout, il y a le seuil magique du 38e parallèle - je me répète - mais avec l'expérience, sa magie se confirme singulièrement. Il passe par Athènes, Palerme et Sines, à quelques encablures de Vila Nova de Milfontes, ce qui explique tout : lumière, palmiers, bougainvillées exubérants, retombées épisodiques de pluies qui n'ont rien d'acide : elles sentent si bon sable chaud !

Ce parallèle est une frontière. Il partage les climats sud européen et nord africain. Ainsi, je n'ai pour ainsi dire pas vu passer l'hiver, saison qui me terrorisait sous d'autres latitudes plus septentrionales, y compris au pied des Pyrénées, fussent-elles souvent balayées par le foehn. Mais ce vent du sud porteur de palombes m'étouffait et toujours, il précédait une grosse pluie.

Février 2004. Nous ne sommes déjà plus qu'à un mois du printemps. J'ai imposé 20° réglementaires - jamais moins - dans l'appartement. C'est pourquoi, je n'ai encore eu ni la flemme ni la flamme de remettre ma cheminée alentejane en service. Ce sera pour l'hiver prochain. Je me suis contenté (touchons du bois) d'un radiateur riquiqui à circulation d'huile. Bien sûr, il y aura des surprises, des retours de flotte en avril, peut-être des giboulées comme en mars dernier, se Deus quiser. Ici, le beau temps vient toujours juste après la pluie. Me croiriez-vous ?

La nature me chouchoute…

En ce 14 février, jour remarquable (une sorte de Noël pour les grands), les raiforts, autrement dit les saramagos, étaient fleuris. Ils le sont d'ailleurs depuis trois semaines. Ils enluminent les talus et l'ombre des azinheiras d'un jaune gourmand. La permanence de la végétation rend l'hiver invisible. Les jacinthes explosent sur ma terrasse. Les bougainvillées ont fait des branches nouvelles, fortes, pointées au zénith. Quant à l'hibiscus, il poursuit sur sa lancée d'août, l'ostentation en moins, car les pucerons ont déjà tenté un putsch vite réprimé. Je ne compte plus les jours où j'ai déjeuné sur la varanda, ivre d'un soleil pas méchant du tout, caressant, félin comme dirait Mituxa, la chatte qui s'en régale. Le jardin de Porto Covo paraît plus luxuriant que l'été passé. J'attends quand même un petit peu pour semer du basilic.

Une étrange cucurbitacée appelée chuchu (je dis chouchou) (NDLR : chayotte) a été déposée par hasard sur mon buffet en octobre. Elle ressemblait à une grenade inerte. En quelques semaines, sans lui prodiguer le moindre soin, elle a développé une tige puis des rameaux vrillés qui ont pris possession de mes objets. Aujourd'hui, le chouchou fait partie de mon décor. Il a ligoté le Petit Prince et ceinturé l'abat-jour. Grâce aux Brigand, j'ai découvert que le chouchou fait aussi une soupe remarquable.

Photo© Alquimista.net

…la société aussi me chouchoute

Il ne faut pas se le cacher, tout émigré tend à retisser un réseau de racines. Mon cercle d'amis francophones s'élargit un peu, mais moins vite que celui des lusitanophones. Celui-là, il a fait boule de neige dès l'instant où je me suis senti capable de baragouiner un peu. Et il s'en apprend à chaque pas, des choses. C'est un bonhomme qui vous demande gentiment si sa voiture, pas trop bien garée, ne vous dérange pas. Et vous de répondre avec un sourire décontracté :
     - Não vale a pena, posso sair, obrigado !

C'est cette épicière d'un quartier bien planqué qui, remarquant mon assiduité, mon goût prononcé pour les grosses vieilles patates Bintje (étrange pour un étranger), me suggère d'essayer des favas, ces grosses fèves charnues qui s'accommodent avec des linguiças. Il y a cette charmante jeune barmaid du Café Splash qui avance mon café comme je l'aime, c'est-à-dire quase cheio, sans que j'aie à le demander. Il me suffit d'entrer. Il y a ce cher Paulo qui en dix clics savants me dépanne l'informatique sur le champ. Qu'il ne soit jamais à l'heure aux rendez-vous, qu'il promette de venir "amanhã" sans tenir ne change rien à l'affaire. On s'habitue, c'est tout, comme disait l'autre. Il y a tous ces gens qui me font coucou. Je n'arrête pas de saluer, où que j'aille.
     - Como esta ?
J
e réponds "bem" du tac au tac et l'on me dit curieusement "obrigado", ce qui signifie peut-être "merci pour la réponse". On n'arrête pas de se remercier, de se demander pardon. Le salut, c'est capital dans un quartier.

Certes, la société n'est pas parfaite, mais laquelle l'est ? Le quotidien Correio da Manhã déverse des tonnes de faits divers frémissants : flic serré (revanche du voleur), flingage passionnel, tôles embouties, chocs frontaux. Mais attention ! On ne tue ni plus ni moins qu'ailleurs, sauf peut-être sur la route. Car j'ai le vague sentiment que le Portugais mâle n'a pas eu le temps de marquer une transition entre la charrette à bras do Pai et la seize soupapes do Filho, pré vendue à coups de pub tapageuse (les voix off des spots ressemblent à celles des commentateurs de futebol).

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L'Homo Lusitanus est passé de l'âne à la BMW d'un coup, alors que nous, nous nous sommes fait la main sur la Dauphine, les Renault 8, 21 et 25, avant de tâter de la grosse allemande. Les Lisboètes foncent encore à 200 sur les autoroutes et ce ne sont pas deux ou six copinhos de vinho ou même la présence d'enfants à bord qui les en dissuade. Les panneaux routiers qui répètent Se conduzir, não bebe passent encore pour des principes de gonzesses. La Suède est si loin !

Pour ma part, je respecte à la lettre la signalisation. Cela me vaut des engueulades, des "collages au cul" nerveux (ah les distances de sécurité !) et parfois, des doigts mal intentionnés, fussent-ils paradoxalement d'honneur. Sur la route, aucune civilité. Je réponds par l'indifférence bébête et la caravane passe. Libre à moi de me répéter "Je suis millionnaire, moi Monsieur ! Farpaitement ! Millionnaire en kilomètres ! Alors vos impatiences, vous pouvez…Bref, comme il vous plaira. Mais de grâce, laissez-moi au moins dix mètres de battement, pas deux !".

Toutefois, la doctrine de la tolérance zéro commence à poindre à l'horizon 2004. Les radars se multiplient et les contrôles alcoolémiques avec. A partir de 80 pour mille, c'est la taule, direct ! Noël et Jour de l'An ont été l'occasion de ratisser large : défauts de permis et d'assurance, survitesse, bebida. Mais il y a encore du boulot. Les patrouilles semblent bien plus préoccupées par le contenu des camions que par les dingues du volant. Pour ma part, j'ai une règle de conduite : éviter de circuler les "grands jours".

Photo© Alquimista.net

Une bougie ! Parabéns a você !

Voilà un an que j'ai jeté mon dévolu sur Alcácer, sans réelle préméditation. Jamais encore, je n'ai regretté mon choix de vie. J'en aurais eu l'occasion pourtant, mais j'ai passé outre, car le bilan est largement positif.

Certes, j'aurais pu en avoir marre des chiens, des lenteurs administratives et institutionnelles (on est encore très formaliste ici). J'aurais pu m'insurger contre Hertz Portugal qui avait eu la légèreté de me louer une fourgonnette sans freins. J'aurais pu m'indigner contre la gestion acrobatique des feux de l'été, contre la canicule non prévue au contrat, contre le salopard qui m'a tiré ma máquina fotografica… Mais avec le temps va, tout s'en va comme dit un autre.

Je revois le sourire aimable du policier qui me tendait ma queixa de roubo à signer, une déposition dérisoire. Résultat : j'ai racheté un bien meilleur équipement photo ; Hertz pt, profil bas, s'est écrasé en mon lieu et place. Ma voiture, rayée par une pelleteuse, va retrouver son teint de jeune fille. Elle passe ces jours-ci en carrosserie, à l'issue de trois mois de bataille téléphonique. J'avais du biscuit à vrai dire : mes charmants voisins (l'adega de Francisco Espada) ont non seulement offert leur témoignage, mais en plus, ils me demandent régulièrement des nouvelles de mon affaire.

Côté réformes de fond, on construit une piste près de Viseu pour faciliter l'avitaillement des Canadair. Plus d'hôpitaux seront climatisés en prévision des chaleurs mortelles.

Os cães ? On s'y fait. J'entends toujours Lafayette et la Petite Peste aboyer, mas cão que ladra, não morde, me dis-je, m'étant rangé à la sagesse des gens du lieu.

Il n'y a que deux choses qui m'énervent : la première est que trop souvent l'électricité se coupe sans préavis. Les raisons en sont obscures. La seconde est que la padaria est en rupture de stock dès 8h du matin. Le très bon pain de Torrão (odorant, sapide, aéré, bien cuit) me file sous le nez et cela, c'est très grave.

Photo© Alquimista.net

Page © Alquimista.net, 22 mars 2004.
Texte © Jean-Claude Petit,
Photos © Alquimista.net
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