31
août
Temps :
Très joli temps de fin août, 20° le soir
et la nuit, brumes matinales, les plantes revivent. Première
pluie le 27 août : presque une heure de crachin breton,
puis retour sans tarder d'un temps de rêve. Crépuscules
souverains.
Plaisir :
Le chou-fleur du jardin, les crevettes chez la marchande
de poisson qui vous fait des grands sourires au marché
de Porto Covo et Ann à la cuisine - Résultat
: quiche chou-fleur - crevettes. Très bon plaisir
avec une salade de chicorée amère autour d'une
grande table d'amis.
Muito prazer :
Citrouilles et potirons, premières soupes des soirées
fraîches.
Quand vous aurez rempli votre garage de carrosses à
grands coups de baquette magique sur des citrouilles et
sur des potirons, vous reviendrez à leur vocation
naturelle : le potage. D'abord rappel d'un principe universel
: comme l'oignon, "le potiron, plus c'est cuit, plus
c'est bon". Un potage au potiron se cuit doucement
minimum 2 heures dans un bouillon de volaille. Jamais de
sucre. Lors des grandes occasions il se fait au bouillon
de veau. (Par exemple : quand José Ricardo Rosado
Marcão, artisan fabriquant à la main des
soupières en étain à Vila Viçosa
nous livrera notre soupière baroque pure début
XVIIIe, une merveille).
Seuls les francophones ont une vision douteuse des citrouilles,
comme tous les mots en "ouilles" ça les
fait rire, disait le père Lelong. Cette chanson a
toujours amusé les jardiniers :
"Il était une citrouille
Qui planquait sa paire de ouilles
Car elle avait la trouille
Que l'arroseur les souille
Ouille ouille ouille
Ne fais pas l'andouille
Car si tu me les mouilles
J'ai bien peur qu'elles ne rouillent".
Après sa longue cuisson le potage au potiron doit
être mixé. Alors commence toute la difficulté.
Car on doit le crémer de sorte qu'il fasse dans l'assiette
des voiles comparables aux brumes alentéjanes du
soir à travers lesquelles le soleil cuivré
de fin d'été laisse percevoir la dernière
lueur du couchant. Et tandis que vous plongez votre cuillère
dans le potage votre regard doit se perdre dans la vapeur
parfumée qui montre de la soupière au-delà
de laquelle les premières feuilles mortes répliquent
l'intégralité de la palette de Turner. On
comprend que le potiron ne se traite pas à la légère.
Potager :
Mise en place des premiers légumes d'hivers (poireaux,
navets, choux etc.). Les alentéjans consomment les
pousses du couve galega lisa, chou fourragé
originaire de Galice si on en croit le paquet et qui atteint
2 m. de haut. Vérification faite, ces sommités
braisées sont excellentes. Nous continuons à
diverger sur la sauce qui est ici invariablement d'huile
et de vinaigre. Le monde du chou est une cosmologie à
lui tout seul.
Jardin de fleurs :
Ammi, Reine d'Afrique, fait le bonheur des insectes, qui
devraient faire le bonheur des oiseaux, s'il n'y avait les
graines de tinctoria et de sulphureus (belle réussite).
Les Zinnias soufrent d'oïdium, on ne peut rien pour
eux.
Les bouquets sont superbes actuellement : voici une belle
réussite : branches de grenadier avec fleurs et jeunes
fruits + roses blanches (c'était la coiffe des mariées
de la Rome antique). Le bougainvillée blanc de Graça...
tout le monde le regarde.
Commerce :
Sandra a pris un stand de fleurs au marché
de Porto Covo. Elle est satisfaite de ses ventes
aux touristes. Elle aime beaucoup les coloquintes. Elle
vient en chercher au jardin et les vend 1 euro pièce.
Ca se vend bien.
Manuela nous dit que tous les portugais aiment le
melon.
Elle nous recommande de planter tout un champ de charentais
l'an prochain, elle les aime beaucoup et on n'en trouve
pas ici. Ca marcherait très bien dit-elle en mangeant
une dernière tranche.
Verger :
Poires, pommes, physalis, figues blanches. Traitement insecticide
du Citronnier.
Le paysage :
Le jaune devient ocre brûlé.